C'est énorme, tout simplement!

MONDIAL 2006 Performance exceptionnelle des gars de Köbi Kuhn. Au programme: l'Ukraine, lundi à Cologne. Zuberbühler reste le seul gardien du tournoi à n'avoir pas encore encaissé de but!

HÉROS NATIONAL Pascal Zuberbühler a encore une fois fait un match remarquable et reste invaincu dans cette Coupe du monde.

24 juin 2006

Sur le même sujet » Nous sommes tous des Köbi » Kuhn: «On ne veut pas que ça s'arrête» Si vous avez manqué le début » Trois points pour un jubilé Sur le web » Mondial 2006 » Association suisse de football Il s'est agenouillé, les bras levés au ciel. Et tous ses coéquipiers se sont précipités sur lui. Lui, Pascal Zuberbühler, ce géant si souvent décrié. Ce gardien à qui on attribuait toutes les misères du monde. Et lui, Pascal Zuberbühler, est dorénavant le seul gardien de la Coupe du monde à n'avoir pas encaissé le moindre but! Hier, Zubi a été énorme. Monstrueux! Comme toute l'équipe. Car la Suisse - oui, ce petit pays du coeur de l'Europe -, eh bien la Suisse appartient au cercle fermé des 16 meilleures équipes de football du monde. Elle s'est qualifiée en tant que vainqueur de groupe et, donc, évite l'Espagne. Au programme: l'Ukraine, lundi à Cologne. Et ce groupe peut aller loin, voire très loin dans la compétition. Unis comme les cinq doigts de la main - à témoin l'attitude au coup de sifflet final de ceux qui n'ont pas encore joué la moindre minute -, ces petits Suisses ont à nouveau réalisé un match que l'on peut qualifier de parfait: l'ouverture du score avant la demi-heure, le deuxième but à moins d'un quart d'heure de la fin. Cette qualification, les Suisses sont allés la chercher au bout d'eux-mêmes. Car, s'ils ont nettement dominé les Coréens en première mi-temps, ils ont lâché prise après le thé. Les «fourmis asiatiques» ont en effet réussi à installer un pressing de tous les instants. Et les «rouge à croix blanche» ont cédé du terrain, petit à petit, faisant augurer d'une fin de match interdite aux cardiaques. La sortie de Senderos (luxation de l'épaule droite) n'a pas arrangé leurs affaires non plus. Mais ce groupe, décidément formidable, en a vu d'autres (faut-il rappeler les événements d'Istanbul?). Et ce groupe a tenu. Mieux: il a su profiter des espaces que lui ont subitement offerts les Coréens, devenus désordonnés dans leur quête de l'égalisation. Et Frei a frappé. Après avoir raté quelques occasions de faire le break, il a trouvé le poteau. Puis... le but! Le 2-0, synonyme de libération. Marqué à quelques mètres de l'endroit où «Le Matin» était aller enfouir une pièce de 2 centimes d'euro il y a un peu plus d'un mois, pour porter chance à l'équipe! Les Suisses ont fait la fête avec leur public durant de longues minutes (on a une nouvelle fois assisté à un déferlement incroyable à Hanovre). Zuberbühler a été embrassé par tous ses coéquipiers. Puis les héros sont sortis du stade. Lundi, ils remettront ça contre les Ukrainiens. Ces «p'tits gars» ont les moyens de continuer à rêver en couleurs! Suisse - Corée du sud 2-0 Niedersachsen-Stadion, Hanovre. 43 000 spectateurs (à guichets fermés). Arbitre: M. Elizondo (Arg). Buts: 23e Senderos 1-0. Yakin brosse parfaitement un coup franc accordé pour une faute sur Barnetta. Au deuxième poteau, le Gunner saute le plus haut et place sa tête dans le filet opposé. 77e Frei 2-0. Aux dix-huit mètres, Cabanas adresse une passe latérale déviée par Ki-Hyeon. L'arbitre fait immédiatement signe qu'Alex n'est pas hors-jeu. L'attaquant suisse évite le gardien et offre la première place du groupe au pays! Suisse: Zuberbühler; P. Degen, Müller, Senderos (53e Djourou), Spycher; Barnetta, Cabanas, Vogel, Wicky (88e Behrami); Yakin (71e Margairaz); Frei. Entraîneur: Kuhn. Corée du Sud: Woon-Jae; Young-Pyo (63e Jung-Hwan), Jin-Cheul, Jin-Kyu, Dong-Jin; Nam-Il, Ho, Chu-Young (66e Ki-Hyeon); Ji-Sung, Chun-Soo; Jae-Jin. Entraîneur: Advocaat. Notes: La Suisse joue sans Vonlanthen (blessé) ni Huggel (qui purgeait hier le 3e de ses 6 matches de suspension après les événements d'Istanbul). La Corée du Sud sans son latéral Young-Chul (blessé). Senderos et Jin-Cheul (les deux numéros 4) se télescopent sur le but du premier nommé; le Suisse s'ouvre le nez, le Coréen l'arcade. 51e minute: Senderos se luxe l'épaule droite en retombant après un contact avec Jae-Jin; il quitte immédiatement le terrain. Tirs sur le poteau de Frei (64e) et sur la latte de Jin-Kyu (83e). Avertissements: 23e Chu-Young (faute sur Barnetta), 37e Jin-Kyu (faute sur Cabanas), 43e Senderos (réclamations), 55e Yakin (faute de main), 69e Wicky (faute sur Chun-Soo), 78e Jin-Cheul (réclamations), 80e Chun-Soo (faute sur Margairaz), 82e Spycher (bousculade dans les 16 mètres), 90e Djourou (faute sur Jae-Jin). Coups de coin: 8-6 (6-3).

Kuhn: «On ne veut pas que ça s'arrête»

MONDIAL 2006 A Hanovre, les vrais diables rouges étaient Suisses. Véritable ange gardien protecteur, Zubi a été fêté en héros. Kuhn n'a pas manqué de féliciter son portier

HEUREUX Köbi Kuhn et tout son staff bondissent en huitièmes de finale.

24 juin 2006

Sur le même sujet » Retour à l'article principal Debout, félicité par tout son staff, Köbi Kuhn, dont c'était hier le 50e match sur le banc, regarde le ciel, serre les poings. Il est 23 h et des poussières à Hanovre. Le sélectionneur prend-il alors conscience de ce que «sa» Suisse vient de réaliser? Première de son groupe, elle vient tout simplement de se qualifier avec panache; qui plus est, sans encaisser le moindre but. Un exploit que l'on doit aussi - et surtout peut-être - à Pascal Zuberbühler, hier encore, avant le coup d'envoi de la Coupe du Monde, zéro de la nation mais promu en Allemagne héros de tout un pays. Avec un Zubi en état de grâce - il est le seul gardien du tournoi à n'avoir encaissé aucun but au terme du tour qualificatif (270 minutes de jeu!) -, la Suisse ne pouvait pas décemment perdre. Mais elle a fait même beaucoup mieux en expédiant les diablotins de Séoul en enfer. Fin du match. Zubi, tombé à genoux dans sa surface, lève les bras au ciel. Avant de disparaître sous une montagne de coéquipiers. «Je suis fier de tout: de moi, de l'équipe et bien sûr aussi de notre qualification.» Quelques instants plus tard, le géant bâlois parle de ses... 0 but encaissé. «Cela donne une force formidable. C'est aussi une belle réponse. Moi, j'ai toujours su ce que je valais.» La preuve. En prenant le risque de construire l'équipe autour de Hakan Yakin, Köbi Kuhn a tenté un pari audacieux. Un nouveau pari gagnant. Il est 23 h 30 quand Köbi Kuhn, le visage marqué par l'émotion, fait son apparition face aux médias. Un autre match commence. «Sur le terrain, c'était un match très intensif, contre un adversaire qui a démontré toute sa valeur. Ce genre de match, on n'en dispute pas chaque semaine. La Corée sait courir. Pour la contrer, on a joué avec beaucoup d'intelligence, de jeunesse et d'expérience. On a peut-être été aussi chanceux quand il le fallait. Mais si je regarde les 90 minutes du match, notre victoire est méritée.» Köbi eut une pensée pour Zubi: «Mes félicitations à notre gardien. Il a réalisé un grand exploit. On a vu ce qu'il sait faire. Si je n'avais pas eu confiance en lui, je ne l'aurais pas pris comme No 1. C'est une question de confiance mutuelle.» La sortie de Senderos bouleversa les plans du coach: «Philippe souffre d'une luxation de l'épaule. Les ligaments sont touchés. Il y a peu d'espoir de le récupérer pour lundi.» Sur le terrain, Köbi avait fini par rejoindre ses joueurs. «J'ai dû faire 200 m à pied. Après un match aussi difficile, c'est un exploit de ma part! (Rires).» Et maintenant? «On ne fait pas de grands projets. On a atteint un premier objectif. On en aura désormais un autre. On a assez de confiance pour croire en nous et passer à la prochaine étape. On souhaite continuer, passer encore au moins un tour. On ne veut pas que cela s'arrête.» La Suisse affrontera lundi déjà l'Ukraine à Cologne. Elle aurait pu hériter de la Tunisie si M. Amarilla avait sifflé les bons penalties lors de Tunisie-Ukraine. Mais à considérer ce que le potentiel que ses joueurs ont montré hier, elle tort d'avoir peur et de s'arrêter en si bon chemin... Sélectionneur coréen, Advocaat devait lâcher: «Je m'attendais à mieux. On méritait plus que zéro but ce soir. Pour moi, il y avait hors-jeu de Frei sur le deuxième but avant que l'un de mes joueurs dévie le ballon. Certains m'ont dit le contraire. L'arbitre nous a aussi refusé un penalty. Nous avons tenté le tout pour le tout avec 5 attaquants, mais cela n'a pas suffi (...) La Suisse possède une équipe très bien organisée, elle méritait de gagner.»