Alexander Frei a parfois l'oeil noir. Comme hier. Alors que tout semble rouler au sein du Club Suisse, il faisait preuve d'un ras-le-bol manifeste. Etonnant au lendemain d'une victoire suisse, victoire assortie d'un but de sa part et de sa nomination au rang d'homme du match par la FIFA. «J'ai l'impression que tout le monde (ndlr.: au sein des journalistes s'entend) ne réalise pas que la Suisse est première de son groupe, ici en Allemagne, en Coupe du monde. J'en ai marre de certaines choses...»
Il n'ira pas plus loin dans ses explications, hormis une discussion plutôt «chaude» avec un confrère alémanique. La manière dont a été présentée sa faute de main contre la France, puis l'interprétation de son doigt devant la bouche en direction des bancs de presse après son but contre le Togo, n'ont visiblement pas été appréciées par le cinquième meilleur buteur suisse de l'histoire (26 buts, à égalité avec Adrian Knup). Mais il a néanmoins trouvé les «ressources» pour évoquer le futur proche de la Suisse. Et souligner l'exceptionnelle camaraderie qui règne au sein du groupe.

Alex, la Suisse a gagné lundi, mais elle a perdu beaucoup de ballons. Est-elle devenue grande? Une bonne équipe est en train de naître, et cela depuis un petit moment déjà. On est costauds, on défend bien et on est capable de marquer à n'importe quel moment, et contre n'importe qui. A ce titre, oui, on représente quelque chose de pas mal aujourd'hui.
Comment expliquez-vous cette solidarité, qui devient votre marque de fabrique? On se connaît tous depuis longtemps. On est une bande de potes et, si les 23 joueurs du cadre ne partiront pas forcément en vacances ensemble, chacun respecte l'autre. Le meilleur exemple en est Lustrinelli, qui aurait pu être dégoûté de ne pas avoir joué la moindre minute pendant nos trois matches de préparation, mais qui est entré et qui a offert le 2-0 à Barnetta lundi.
Un mot sur le public suisse? C'est du jamais vu. Je suis content, et surtout fier, d'appartenir au groupe qui aura réussi à provoquer cela. Quand tu entres dans un stade comme lundi à Dortmund, tu prends l'ambiance à ton compte. Ça te motive encore plus, et tu essaies ensuite de redonner aux gens un peu de ce qu'ils nous offrent. Quand je dis cela, je pense aux 50 000 supporters qui étaient au stade, mais aussi à tous ceux qui étaient devant leur poste de télévision.
Jusqu'où cette équipe de Suisse peut-elle aller? J'ai toujours dit que notre jeu était d'aller de l'avant, on ne va donc pas modifier notre manière de faire vendredi contre la Corée du Sud. J'ai aussi dit que mon but était de devenir champion du monde, je n'ai pas changé d'avis.

|